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L’agneau et le loup

Saviez-vous que Jean de La Fontaine est à l’origine de nombreuses croyances limitantes ? Il m’en donne du boulot ! C’est même mon principal apporteur d’affaires ! J’ai parfois l’impression qu’il travaille depuis 350 ans pour m’apporter des clients !

Les fables que nous apprenons à l’école génèrent des paradigmes. Elles inscrivent des lois dans notre inconscient. Ajoutez-y un mot fort comme «morale», répétez-la comme un texte sacré, et vous voilà sous conditionnement pour accomplir ce pour quoi on vous a programmé… A moins, bien sûr de changer de paradigmes en vous autorisant à penser autrement, et à sacraliser vos propres aspirations. C’est à votre portée.

Prenons un exemple :

Le loup et l’agneau

Cette fable à laquelle vous n’avez pas pu échapper et à laquelle vos enfants n’échapperont pas est introduite par une morale qui dit ceci :

La raison du plus fort est toujours la meilleure !

Ca peut donner des idées bizarres ! Je me souviens que certains élèves de collège et du lycée faisaient du «martial». C’est à dire un art martial sans art… Ils étaient les plus forts, ils avaient souvent raison !

Avec du recul, je me dis que leur façon d’appréhender les fables de La Fontaine y était pour quelque chose…

Mais à mon humble avis, ces fables ne sont pas transmises d’une façon conforme aux véritables souhaits de l’auteur. Je crois que l’Education Nationale se trompe en banalisant cet enseignement. Serait-il possible d’imaginer que Jean de La Fontaine, cet homme allusif et génial ait caché un secret d’initiés dans cette fable ? Et si nous envisagions les choses sous cet angle :

La raison de celui qui a l’objectif le plus fort est toujours la meilleur !

Ca change le «principe actif», car finalement, on peut observer l’histoire sous cet angle: le plus fort entre le loup et l’agneau est celui qui a la plus forte raison de vivre. Cette raison s’exprime, s’affirme, se définit, s’affine, se fixe… Ca n’a rien à voir avec la masse musculaire, ni avec la taille des canines :

Entre un loup qui cherche aventure et un agneau qui se désaltère dans le courant d’une onde pure, il n’y a pas photo ! Le loup a un objectif, l’agneau n’a rien demandé ! Lorsqu’ils se retrouvent face à face, ils obéissent tous les deux à l’objectif le plus fort. L’agneau a beau avancer quelques arguments pour envisager une sortie de secours, il a perdu d’avance… Voyez, c’est simple !

La question qu’il convient de se poser est la suivante :

Pourquoi laisser les objectifs aux loups ? Les agneaux aussi y ont droit ! Non seulement ils y ont droit, mais s’ils s’autorisaient à les exprimer et à les affirmer, leurs objectifs seraient bien plus forts que ceux des loups.

Je n’ai jamais fait parler d’animaux dans mes articles, mais c’est tentant… Allez, je me lance :

L’agneau et le loup

Un agneau se désaltérait dans le courant d’une onde pure.
Chaque matin, il remerciait la rivière, la nature…
Il observait le ciel, avec la Gratitude
De celui qui jamais ne perd son altitude.

Un loup survint à jeun qui cherchait aventure.
Il portait en son cœur tromperie et dictature.
Alors qu’entre ses dents coulait un sang douteux,
Il prétendait encore avoir le ventre creux

«Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?»
Dit cet animal plein de rage !

«Sire, répond l’agneau, ne criez pas si fort !
Car derrière le fourré se cache un labrador.
Si vous vous montrez haineux à mon égard
Il vous pourchassera, lui et ses bâtards
Jusqu’au fond des forêts, avec l’appui des Maîtres,
Ces bergers qui se donnent pour que je puisse paître.
Ils connaissent tous vos tours et sont de fins stratèges
Je ne sortirais point sans mon précieux cortège.

«Tu troubles mon eau et tu oses feinter ?»
Reprit le loup furieux, et ne put résister
De pousser son hurlement, ce cri qui précède
L’assaut de celui qui jamais rien ne cède.

L’agneau le regarda sans bouger de sa place
«Si vous souhaitez me voir tenir posture basse
Il faudra revenir un jour ou je suis seul
Aujourd’hui le cœur est plus fort que la gueule !»

Là dessus, le loup ne se sent plus de Foi,
Il avance, il recule, par réflexe beffroi,
Puis il cherche une issue, puis il baisse le yeux,
Puis il pêche un poisson pour partir victorieux…

5 années plus tard, un bélier à fière allure
Vint finir ses jours en se baignant dans l’onde pure
12 agneaux observèrent leur aïeul insoumis
Partir avec panache… Il fit ce qu’il promit :
Il leur conta l’histoire, où dans ce même décor
La meilleure des raisons désigna le plus fort.

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A++

Stéphane SOLOMON
(fortement inspiré par Jean de La Fontaine)

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Christine ROMANCZUK
Christine ROMANCZUK
10 années il y a

Bonjour
Ma question est : le labrador était-il vraiment là, derrière le fourré ?
Autrement, c’est fort joliment écrit.

Suzanne
Suzanne
10 années il y a

J’adore!

Ca c’est un changement de paradigme!

L’idée forte c’est que l’agneau a réussi à mettre le labrador et les bergers dans la tête du loup!!!
Et le loup peut tout de même assouvir sa faim…
“La meilleure des raisons désigna le plus fort.”: joli tour de passe-passe qui donne un sentiment de puissance incroyable!

Et bonne plume avec ça!

Bravo et merci Stéphane!

Fabrice
Fabrice
10 années il y a

J’aime beaucoup, joliment écris de surcroit, et très intéressant comme changement de vision.

gabory jean françois
gabory jean françois
10 années il y a
Répondre à  Fabrice

très belle écriture comme d’habitude

MAIS le tort est pour La Fontaine ou les enseignants est de parler de Morale de la fable

La raison du plus fort est et reste toujours la meilleure : disons que c’est celle qui vainc. Et en l’occurrence on reste le pot de terre contre l’administration, pot de fer : qui plus est, utilisant le progrès technique reste injoignable derrière des répondeurs à réponses multiples.

Je préfère la ruse du renard qui parvient à ses fins alors que le pot de fer (inaccessible) est le corbeau.

un de vos admirateurs modeste mais fervent utilisateur des fables de La Fontaine

Frédéric
Frédéric
10 années il y a

C’est vrai que cette fable avait besoin d’autres perspectives, même si la meilleur raison devient surtout, ici, à mon avis, celle du plus malin… et cela en fait une fable… plus humaine.

marchesseau
marchesseau
10 années il y a

depuis le temps que je lis plus ou moins régulièrement tes missives ,
celle-ci ajoute le panache et la légèreté
à ton interprétation tout à fait pertinente . et drôle en plus ,
synchro avec Jean le sage , mais qui ne l’était peut-être pas toujours …
d’ailleurs qui a dit que “toujours” et “jamais” ne voulaient rien dire …
A une autre fois et …Merci

de montjou
de montjou
10 années il y a

J’ai bien fait ce soir de lire cette nouvelle fable qui montre que l’humour n’est pas l’exclusivité de La fontaine . L’agneau est encore plus drôle.. L’humour a toujours remis le monde en place. Il renverse les montagnes et anéantit le loup.
Bravo et merci
jean François

odile
odile
10 années il y a

j’aime beaucoup et quel talent !!
Dans le fond, la Foi sauve…le tout est d’être intimement convaincu de ce que l’on veut ou ne veut pas, et de ne pas se laisser dévorer par les loups !!!
Une autre, une autre !!
🙂

Benoit CONSIGNY
Benoit CONSIGNY
10 années il y a

Oui, j’en demande encore, moi aussi ! C’est bien joliment écrit !

Je pense pour ma part que La Fontaine ne se contentait pas de DECRIRE (il est vrai que dans la nature, c’est quand même souvent le loup qui l’emporte) et parfois DENONCER (quand les hommes se comportent comme des bêtes). Il voulait FAIRE REFLECHIR LES GENS. Chose ô combien ardue, même à notre époque… Il voulait nous inviter à revoir nos comportements pour les rendre plus humains… Et certainement pas nous inciter à accepter sans sourciller (par habitude ou parce que les autres le font) des règles sorties tout droit du Livre de la Jungle…
Après tout, et il le savait, nous ne sommes pas des bêtes. Lorsqu’un troupeau abandonne les malades et les vieillards – et aussi les plus jeunes en cas de fuite face à un réel danger – nous le genre humain, ne le voyons pas de cette oreille ! Nous mettons en place des systèmes de protection pour les plus faible. Ca aussi, ça mérite reflexion. Parce que, quand on serre les budgets, qui c’est qui trinque ? Et quand la seule place qui reste est la place réservée aux handicapés, qui ne s’y gare pas ? (au mieux, en laissant ses feux de détresse).

Jean de la Fontaine était à mon avis un grand génie, mais il avait le “défaut” de NE PAS NOUS MACHER LE TRAVAIL en nous forçant à trouver nous même des solutions humaines… A cause de cela, les plus faibles d’entre nous durent longtemps attendre (et parfois attendent encore) qu’on leur facilite un peu la vie!

Une lueur d’optimisme apparait : de plus en plus de conférenciers et de coachs d’entreprises plaident pour des valeurs telles que LA GRATITUDE, la GENEROSITE, etc… valeurs qui ont le vent en poupe actuellement. Elles auraient semble-t-il une efficacité démontrée dans les affaires, la gestion des RH… C’est un progrès indéniable… Allons-nous vers un BSINESS PLUS HUMAIN ? Histoire à suivre !

A bientot,
Benoit Consigny

Jean Vaysse
Jean Vaysse
10 années il y a

Excellent !

Marielle M.
Marielle M.
10 années il y a

Bonjour et merci Stéphane,
J’aime l’idée de voir les choses autrement, et j’aime aussi le fait qu’être la victime n’est pas une fatalité.
D’autre part je prends connaissance de cet article, bien après l’envoi, et je souris en pensant à mon après midi passée : une amie, sa fille et moi faisions une marche (ardue, pentue); pour nous changer les idées, et pour ne plus penser à l’effort que nous faisions, nous nous amusions à réciter des fables (après nous sommes passées aux poésies) , le loup et l’agneau y est passé, entre autre. Je lui transfère l’article, ça la fera sourire, et ce sera l’occasion de partager Time Coach avec elle.

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